CENTRE D'ETUDES HISTORIQUES - 11270 FANJEAUX
Présentation générale
Cette historiographie n’est pas une nouvelle histoire du catharisme, mais une histoire de cette histoire. Elle n’en a que plus d’intérêt. Pour connaître le catharisme n’importe-t-il pas avant tout de connaître ses historiens, leurs intentions et leurs procédés, sources d’authenticité ou, trop souvent, de déformations graves ? Oubliés du XIVe au XVIe siècles, les Cathares n’ont reparu dans l’histoire que pour être trahis par elle ; on dirait aujourd’hui «récupérés». Comme s’ils ne pouvaient intéresser pour eux-mêmes, mais seulement pour ou contre d’autres causes. Pendant quatre siècles, dans la grande querelle entre catholiques et protestants, le fantôme des Cathares a servi tout à tour d’argument, contre la confession adverse. Lorsque la grande érudition moderne les a fait mieux connaître et, par cela même rendus inutilisables pour les théologies opposées, alors on les a occultés. Puis réveillés plus que jamais pour d’autres luttes libérales, rationalistes, anticléricales, politiques, régionalistes. Tous les procédés : assimilation, amalgame, mythologie, qui peuvent plier la réalité aux besoins de la polémique ont travaillé à les rendre d’autant plus méconnaissables que la publicité a rencontré dans les mass-média des moyens plus puissants de les accommoder au goût des passions et des intérêts du moment.
Pourtant, une histoire authentique était possible. Inaugurée dès le XVIIe siècle, elle s’est épanouie de nos jours grâce aux découvertes de textes et aux méthodes nouvelles de l’histoire. C’est cet effort patient des historiens, au milieu des mythographies déchaînées, que veut décrire cette historiographie.
Sommaire
Introduction, pp. 7-10. Marie-Humbert Vicaire.
• In memoriam. Monseigneur Élie Griffe (1899-1978), pp. 11-12. Marie-Humbert Vicaire.
I. DU XVIe AU XVIIIe SIÈCLE
• Les albigeois, ancêtres des protestants. Assimilations catholiques, pp. 23-46.
Marie-Humbert Vicaire.
• Les Albigeois, témoins du véritable évangile : l’historiographie protestante du XVIe et du début du XVIIe siècle, pp. 47-70.
Guy Bédouelle.
• Y eut-il une optique propre des histoires régionales (XVIe - XVIIIe siècles) ?, pp. 71-84.
Philippe Wolff.
• De l’histoire théologienne à la grande érudition : Bossuet (XVIe - XVIIIe siècles), pp. 85-117.
Raymond Darricau.
• Les Albigeois dans les manuels scolaires. XVIe - XVIIIe siècles, pp. 119-139.
Henri Duranton.
II. LE XIXe SIÈCLE (1820-1914)
• D’Augustin Thierry à Napoléon Peyrat : un demi-siècle d’occultation (1820-1914), pp. 143-162.
Charles-Olivier Carbonell.
• Un initiateur : Charles Schmidt, pp. 163-184.
Yves Dossat.
• Les historiens protestants libéraux ou les illusions d’une histoire scientifique (1870-1914), pp. 185-203.
Charles-Olivier Carbonell.
• La contribution catholique à l’histoire de l’albigéisme (1866-1916), pp. 205-226.
Paul Amargier, Arnaud Ramiere de Fortanier.
III. LE XXe SIÈCLE (1914-1978)
• Les approches matérialistes de l’histoire du catharisme, pp. 229-248.
Manselli Raoul.
• Le phénomène dualiste vu par les historiens balkaniques, pp. 249-270.
Šanjeck Franjo.
• Mythographie du catharisme (1870-1960), pp. 271-342.
Jean-Louis Biget.
• La découverte des textes cathares : le Père Antoine Dondaine, pp. 343-359.
Yves Dossat.
• Vulgarisation et récupération : les mass-media, pp. 361-380.
Charles-Olivier Carbonell.
• Le catharisme : une religion (1935-1976), pp. 381-409
Marie-Humbert Vicaire.
Conclusion, pp. 411-414. Charles-Olivier Carbonell.